EPIK HOTEL

L’avare: un portrait de famille en ce début de 3ème millénaire

De PeterLicht d'après Molière. Crée le 11 mars 2014. Tournée à La Commune - CDN d'Aubervilliers, à la Filature de Mulhouse, au Festival Théâtre en Mai - Dijon, au TAPS Strasbourg, Les Régionales Wissembourg, Thann et Haguenau, Théâtres d'Auxerre et de Châtillon sur Seine

Distribution

Traduction Katia Flouest-Sell
Mise en scène Catherine Umbdenstock
Dramaturgie Karin Riegler
Scénographie Elisabeth Weiß
Costumes Claire Schirck
Lumières Manon Lauriol
Régie générale, son et vidéo Fred Hug
Construction décor Florian Méneret
Production Marion Schmitt & Charlotte Vallé
Administration & Diffusion Charlotte Vallé
Avec Nathalie Bourg, Chloé Catrin, Clément Clavel, Charlotte Krenz, Lucas Partensky, Claire Rappin

Production

epik hotel
coproduction La Filature, Scène nationale de Mulhouse

Avec le soutien de

Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC Alsace, Agence Culturelle d’Alsace «Les Régionales», Ville de Strasbourg, Conseil Général du Bas-Rhin
Les TAPS – Strasbourg, La Commune – CDN d’Aubervilliers, l’Ecole HfS Ernst Busch Berlin, l’OFAJ, Le Goethe Institut, Relais Culturel de Wissembourg, Relais culturel de Haguenau, Relais Culturel de Thann, la maison d’éditions schaefersphilippenTM Theater und Medien GbR – Cologne
Avec la participation artistique du JTN

Presse

France Culture, 23 novembre 2014
Changement de décor, une émission de Joëlle Gayot à écouter

Le Monde, 30 mai 2014
“Molière contre l’apathie des trentenaires : une adaptation rageuse de l’Avare” par Brigitte Salino

Magma Bourgogne, 26 juin 2014
“PeterLicht porte l’avarice d’un Harpagon, transposé trois siècles et demi plus tard à son paroxysme, on l’appelle désormais : le Capitalisme” par Jérôme Gaillard

A consulter

Bande annonce vidéo du spectacle >>

Site Internet de PeterLicht

Résidences

Ecole HfS Ernst Busch Berlin
Agence Culturelle d’Alsace
Les TAPS – Strasbourg
La Commune – CDN d’Aubervilliers

Crédits photos

Vincent Arbelet et Alain Kaiser

Capitalisme vs. quête de soi
Le conflit de génération n’est pas une invention de nos sociétés modernes. Molière, déjà, savait sur quoi il reposait : l’argent. Dans sa réécriture musicale autant que radicale, l’auteur allemand PeterLicht situe l’action dans « un pays dans lequel il y a beaucoup trop de tout, mais de façon inégalement répartie ». Le père possède l’argent et ses enfants veulent l’avoir. Mais pas de révolte en vue. C’est l’histoire d’une jeunesse occidentale, engluée dans l’attente de pouvoir consommer. Le texte a été crée en février 2010 au théâtre Maxim-Gorki de Berlin dans une mise en scène de Jan Bosse. L’ensemble Epik Hotel présente pour la première fois cet auteur en France.

« Il a pas compris le truc : ça doit couler, le fric, le blé, le pèze, le pognon, l’oseille, les ronds… aller et venir, se transformer. Changer de forme. Passer d’un état à un autre. De l’état TON FRIC à l’état MON FRIC. Rester en circulation quoi. Température de régime 37°. L’argent, faut même pas le laisser refroidir. De ta main à la mienne. De la mienne à la tienne et ainsi de suite ». Cléante, fils d’Harpagon (1ère Partie, 1ère scène)

Contradictions : être consommateur et être profondément soi.
Comme le choix du sous-titre le souligne, « portrait de famille », l’accent est mis sur le lieu-source de tous les conflits, cette micro-société dirigée par le tyrannique Harpagon : le cercle familial. Et chez PeterLicht, personne ne reste très longtemps dans l’ombre du despote patriarcal. Les personnages prennent tour à tour la parole sous forme de monologues. Ainsi, le valet La Flèche, le fils ou bien l’oncle/tante, acquièrent une dimension plus complexe, moins évidemment archétypée. Marianne, « la » femme est ici un personnage absent, qui se fait attendre. Mais pour combien de temps ? La roue tournera sans cesse, les spectateurs changeront de camps, forcés à chaque fois de réinterroger leur jugement : qui a raison dans ses choix de vie, l’Avare ou ses enfants ? Nous cherchons à présenter le conflit de génération de façon paradoxale – résolument contemporaine. D’un côté l’avarice d’Harpagon sera perçue, non plus comme une névrose, un vice, mais comme un refus des dictats du capitalisme. De l’autre côté, le comportement de la jeunesse est présenté comme de l’oisive cupidité. Non sans ironie, c’est le portrait d’une jeunesse loquant sur son canapé, qui est dressé, une jeunesse refusant de grandir, et qui exige – sur le compte de ses parents – la reconnaissance de son statut d’éternels jeunes actifs en difficulté.

« Je ne veux pas de tout ça. Ce que je veux : vivre ma vie. Chaque moment passé est véritable. Voilà ce que je me dis. Mais moi je suis en dehors de tout ça. Je ne veux pas faire partie de ce va-et-vient. Je veux sortir du système. Je voudrais juste m’arrêter. Faire une pause. Et retenir. Et aspirer. Rien donner. » Harpagon (1ère partie, 7ème scène)

La Langue : entre parade et slam.
PeterLicht, musicien avant tout, propose des « surfaces de textes » à se mettre en bouche, rythmées sur le modèle des conversations rapides, « chatées ». On surfe sur l’aspect extérieur, matériel, des choses. On manque de mots pour exprimer aux autres ses aspirations plus profondes. Les joutes amoureuses s’enclencheront sur pilote automatique, la famille dans son entier tournera sur elle-même. Le comique de La Commedia se manifeste sous la forme de dialogues toujours concis, réduits à l’essentiel, qui se répètent, frôlant l’absurdité. Alors que l’amour est réduit à l’état d’anecdote, l’argent – à la fois son manque et ses promesses de bien-être – , est l’unique constante fédératrice, garante de l’accomplissement de soi. Un happy end tronqué : tout le monde est heureux car personne ne renonce à son propre intérêt.