EPIK HOTEL

Amlettino

ou la visite d'Hamlet en salle de classe : tout public à partir de 14 ans

Diffusion

Création prévue sur la saison 2026-2027

23 Mai 2025 Lecture performée à La Cité internationale des Arts de Paris

Juin 2023 / In Situ : une version raccourcie de 35 minutes a été mise en forme lors d’une résidence en collège dans le cadre du Festival Multi-prises du Collectif des Possibles, Fellering (68) en

Distribution

Texte de Dorothée Zumstein
à destination du public adolescent
Mise en scène Catherine Umbdenstock
Avec Lucas Partensky
Distribution en cours

Production

Epik Hotel
Recherches en cours…

Avec le soutien de

Le Collectif des Possibles, Wesserling (68)
La Région Grand Est dans le cadre de l’aide triennale au développement

A consulter

Dossier artistique à consulter >>>

Résidences

La Cité internationale des Arts de Paris, MAI 2025
Le Collectif des Possibles (Wesserling), JUIN 2023

Crédits photos

Epik Hotel & Collectif des possibles

Amlettino est un spectacle qui permet d’aborder le chef-d’oeuvre de Shakespeare, Hamlet, de le faire nôtre, de rencontrer le public adolescent par le biais d’une forme courte, drôle, légère. Il est au départ pensé comme le “petit frère” de la création de la pièce Hamlet de Shakespeare avec les comédiens d’Epik Hotel, dans une nouvelle traduction commandée à Zumstein, et crée en novembre 2023 à La Comédie de Colmar.

À travers Amlettino, nous voulons proposer à un public adolescent une approche drôle, et tout aussi exigeante, d’un grand personnage de la littérature dramatique. Car il s’agit avant tout de l’histoire d’une rencontre, immédiate et à portée de main, entre les questionnements de la jeune génération et ceux, immuables, du théâtre élisabéthain.

Amlettino ou Hamlet en Grand – résumé

D’une durée d’environ une heure, ce monologue autour de l’histoire et du personnage de Hamlet est écrit pour un comédien, mais peut être interprété par une comédienne, qui jouera indifféremment un personnage masculin ou féminin (qu’on appellera alors Antonia) en fidélité à l’esprit shakespearien du travestissement. La pièce s’adresse à un public adolescent. 

Le point de départ en est le suivant : 

Antonin se rend dans une salle de classe pour parler aux élèves de son métier de comédien et du Hamlet de Shakespeare, qu’il répète avec sa troupe. Cette situation réaliste bascule dans l’étrange : en effet, Antonin révèle à son auditoire avoir lui-même passé sa scolarité dans ce même lycée. Dès lors, son récit alterne avec des extraits de son journal intime, retrouvé peu avant cette rencontre avec les élèves. Il y décrivait sa vie d’adolescent et son expérience au Club Théâtre. À travers sa voix d’alors, le jeune Antonin semble surgir au présent. Antonin relate, dans toute l’exaltation de la découverte, sa première expérience au Club Théâtre, avec Hamlet, où il interprète le rôle-titre. Antonin évoque aussi son père dont la mort a coïncidé avec cette période-là de son existence.

Comme Hamlet, Antonin sait manier la parole : il est comédien. Loin de venir livrer un cours magistral sur Hamlet, il retombe lui-même, face à cette classe dans ses jeunes années, se dévoilant petit à petit. 

Il s’agit ici de tisser des liens, en filigrane, entre la trame dramatique, celle du Hamlet de Shakespeare vu par un lycéen de quinze ans, et la trame intime, le quotidien de ce même lycéen. Le texte se veut porteur d’une dimension didactique – les thématiques chères à Shakespeare et le contexte dans lequel il écrivait. Mais aussi d’une dimension intime : les émotions dues au deuil ou aux émois amoureux, ainsi que les questionnements existentiels qui traversent à la fois Hamlet, le comédien qui l’interprète, et la plupart des adolescents susceptibles de se reconnaître en lui.

Hamlet ou le choc de la rencontre théâtralela Génèse

par Dorothée Zumstein, auteure

J’ignore si j’étais déjà familière avec la notion de travestissement dans le théâtre de William Shakespeare, quand j’ai pour la première fois interprété (dans la salle allouée pour l’occasion
au providentiel Club Théâtre apparu cette année-là au Lycée Victor-Hugo pour disparaître hélas l’année suivante) le grand monologue de Hamlet. J’étais en classe de troisième et je me souviens très bien – outre de la traduction de François-Victor Hugo – de la tenue que je portais ce jour-là : chemise de grand-père achetée aux Puces de Clignancourt, pantalon fuseau noir et cravate non attachée (c’était la mode). Je me souviens que ma découverte de Shakespeare, à la n de la classe de cinquième, coïncidait avec deux autres fascinations majeures : les romans d’Agatha Christie – où la brutale réalité de la mort est éclipsée par la jubilation que suscite la résolution du crime par Poirot ou Marple – et le cinéma d’Alfred Hitchcock, avec son suspense, son humour et ses “villains” qu’on adore détester.

La découverte de Shakespeare – où la barbarie et l’humour cohabitent, où les crimes se déroulent sous nos yeux et non hors-champ ou en coulisse comme dans notre théâtre classique, où les morts sortent de leurs tombeaux pour désigner leurs assassins, et où la parole est souvent don- née à des personnages en proie à l’injustice ou au malentendu – a constitué un choc pour l’adolescente que j’étais. C’est qu’il y a – je crois – et bien au-delà de la question du genre – un rapport profond entre le personnage de Hamlet et l’adolescence, cette période où l’on s’attend vivre dans une longue impatience doublée d’une agitation permanente. Celle-ci fait terriblement écho à l’incapacité d’agir de Hamlet et à sa répugnance à prendre sa place dans le monde tel qu’il est – avec ce que cela implique à ses yeux de lâchetés, de compromission ou de trahison de soi.

Perdu dans le temps et l’espace, Hamlet – comme en suspens – transporte d’un lieu à l’autre un corps encombrant. Proche en cela du « purgatoire de la jeunesse » (l’expression est de Françoise Dolto) que constitue l’adolescence.

par Catherine Umbdenstock, metteure en scène

Hamlet ! Quel personnage ! À le lire et le relire, à le voir et le revoir encore… Personne n’en vient à bout. C’est magique et en cela, c’est un texte nécessaire. Tout autant que fondateur, il est aussi visionnaire. Je ne sais plus si je parle du texte ou du personnage…

J’ai 17 ans et j’assiste à la création d’Hamlet par la comédienne allemande Angela Winkler au TNS. Je ne savais pas pourquoi, mais j’étais convaincue alors, d’avoir assisté à quelque chose qui ferait date. Je rentre chez moi. Hmm… personne ne semble avoir changé, ni dans ma famille, ni dans mon village… Mais cette silhouette aux longs cheveux noirs, ce pantalon en cuir, cette épée avec laquelle le personnage d’Hamlet, joué par une femme, déambulait… Je prends conscience du pouvoir des mots et de la scène. Ces images et ces sensations qui perdurent, même la représenta- tion terminée. La sensation également de ne pas avoir tout compris de l’intrigue, mais savoir que justement, j’assistais à quelque chose d’éxigeant, de complexe. Une complexité dans laquelle, adolescente, j’adorais me plonger.

Hamlet est un personnage qui creuse, profond – des limbes d’où surgit le spectre – et qui s’envole, tout à la fois, avec les mots et les pensées. Il se tord comme un point d’interrogation, celui qui vient s’accrocher à nos questions existentielles. J’aimerais savoir à quoi ressemblerait un Hamlet d’aujourd’hui, dans notre monde et notre temps. Un garçon, une lle ? Peu importe. Ou bien si, justement : volontairement androgyne. Politiquement en con it avec les archétypes homme/ femme de l’ancienne génération. Celle de ses parents. Outre la question du «genre», Hamlet se pose et nous pose celle de «l’action». Aujourd’hui, il/elle – Amlettino/Amlettina – serait enfermé.e dans sa chambre, avec un vieil exemplaire de l’oeuvre de Shakespeare… comment cela ferait résonner sa vie à l’intérieur de ses 4 murs, et au-delà?

C’est avec ces intentions – ces intuitions – que je vais retrouver l’autrice Dorothée Zumstein. En plus d’écrire ses propres pièces, elle est traductrice de Shakespeare – dans une langue écrite pour la scène et pour les acteurs (qu’elle aime et qu’elle connait!). Dorothée livre également des textes, pour les Tréteaux de France ou La Comédie Française, inspirés par des témoignages qu’elle réalise elle-même, et destinés à un large public adolescent.

Je vais donc, accompagnée par les comédiens et créateurs de l’ensemble Epik Hotel, retrouver Zumstein et lui passer pour la 2ème fois commande d’un texte original.

Un long monologue, car c’est l’arme favorite du Hamlet shakespearien. C’est celui qui lui permet d’être en constant dialogue avec le public.